La violence est-elle inscrite dans l’ADN de l’« ultragauche » ? L’année 2018, avec les affrontements musclés de Notre-Dame-des-Landes, ceux de la manifestation du 1er Mai ou encore les gilets jaunes, peut le laisser penser. Ces formes d’action révèlent une montée en puissance de la violence politique dans les sociétés occidentales.
Mais qui sont ces Ingouvernables au fond si méconnus, qui refusent l’autorité de l’Etat et se déclarent les ennemis du capitalisme ? Je les ai baptisés Hipunk- combinaison de l’utopie romantique hippie et de la radicalité punk, du mythe orphique de la Nature et du nihilisme existentiel propre à la société de consommation. Les Hipunk ont renoncé à la Révolution marxiste par le haut- la dictature du prolétariat- mais adopté une nouvelle tactique offensive : saper l’autorité publique par le bas, en investissant et multipliant les « territoires perdus de la République ». Chez ces ingouvernables, la ZAD (non plus Zone d’Autonomie à Défendre, mais Zone d’Autonomie Définitive) est l’objectif à atteindre, la technique s’appelle black bloc et la philosophie se nomme l’antispécisme. Si les groupuscules idéologiques sont nombreux et souvent rivaux au sein de « l’ultragauche », ils se rejoignent dans un rejet viscéral de l’idée de Progrès et un athéisme politique radical : à leurs yeux le clivage droite/gauche n’existe plus.
Ce qui nous menace, avec les Hipunk, ce n’est pas la grande insurrection révolutionnaire, c’est la montée progressive d’une France trouée, d’une « France léopard » où la République ne sera plus partout chez elle mais se retrouvera condamnée à composer avec différents communautarismes.