Depuis tente ans, le « Pouvoir » se métamorphose profondément. Il apparaît aujourd’hui comme venant «de partout et de nulle part ». De nouveaux pouvoirs (entreprise, ONG, institutions internationales…) se sont affirmés, condamnant définitivement les discours, les analyses et les actions s’articulant sur l’imaginaire du « pouvoir » au singulier.
Si l’on peut se réjouir du déclin d’une certaine forme d’étatisme sclérosant et de l’apparition de la « gouvernance » (en clair du partage de la décision), différente facettes d’un soft totalitarisme nous menacent. Citons par exemple le capitalisme financier, devenu fou.
Entre concurrence des nouveaux pouvoirs et nouvelles manifestations hégémoniques fondées sur l’influence (américaines ou chinoises), aux conséquences plus ou moins lisibles, l’Europe et la France doivent construire enfin cet introuvable Etat stratège, qui s’avère indispensable pour l’avenir des sociétés libérales et démocratiques.
Ce défi de la réforme étatique exige prioritairement la construction d’une stratégie globale de sécurité nationale. Cette dernière, prenant acte de l’évolution des formes de la guerre et de l’émergence de nouvelles conflictualités, devra s’insérer dans une logique de sécurité collective européenne et mondiale, c’est-à-dire de coopération internationale, et non de « choc des civilisations » : tout au contraire, la métamorphose du pouvoir pourrait apparaître comme la chance des civilisations ! (2009)