Les stratégies d’influence
On peut définir l’influence comme la maîtrise du sens. Il faut la penser essentiellement comme l’option dont on dispose lorsque l’on souhaite échapper à la stratégie directe de la violence, ou tout au moins de la confrontation brutale et assumée. Une stratégie d’influence peut viser à manipuler des interlocuteurs pour favoriser ses propres intérêts, et met tout en œuvre pour rester la plus discrète possible. Le nec plus ultra de la manœuvre d’influence est d’orienter les décisions d’autres acteurs individuels ou collectifs (politiques, économiques, culturels, etc.) sans que ces derniers ne prennent véritablement conscience que différents contextes et perceptions sont travaillés pour les inciter à adopter tel ou tel comportement.
Influence consiste précisément à agir sur un environnement d’action global (fait de différents échiquiers) et sur les perceptions humaines. Notre époque ne favorise pas les affrontements directs mais plutôt les stratégies de contournement. Les logiques d’influence constituent donc un instrument privilégié pour la protection et le développement des organisations, à commencer par les entreprises. De quoi se composent les stratégies d’influence ? De logiques de production de connaissances, de guerres informationnelles (médiatiques), de lobbying et de création de réseaux dans les domaines les plus variés.
Influencer peut aussi s’inscrire dans un rapport à l’autre moins instrumental. On peut souhaiter influencer une personne physique ou morale par l’exemplarité de son propre comportement ou le dialogue rationnel, ceci afin de bâtir sincèrement des projets de partenariat gagnant/gagnant (cf. Eric DELBECQUE, L’influence ou les guerres secrètes. De la propagande à la manipulation, Vuibert, 2011).
Eric DELBECQUE